Colombie • Chicamocha

Atterrissage à Bogota.

Le voyage commence par la sortie de Bogotá, capitale tentaculaire nichée à 2 600 m. Rapidement, on dégringole en altitude pour rejoindre les vallées chaudes de Cundinamarca. Les premières pistes apparaissent, bordées de plantations de café. Anapoima offre une étape tropicale relaxante, idéale pour s’acclimater et bichonner les motos avant l’aventure.

L’ascension débute dès la sortie d’Anapoima : la température chute, les virages s’enchaînent et les paysages deviennent alpins. On grimpe progressivement vers les hauts plateaux andins, à travers une Colombie agricole et authentique. Les pistes flirtent avec les nuages à mesure qu’on atteint les abords du majestueux Nevado del Ruiz. À plus de 4 000 mètres, l’air se raréfie, mais le panorama sur les glaciers et cratères endormis est à couper le souffle. Une étape aussi physique que spectaculaire, qui marque un vrai tournant dans le voyage.

On quitte les hauteurs glacées du Nevado del Ruiz pour entamer une descente vertigineuse vers les plaines tropicales. L’oxygène revient peu à peu alors que la végétation reprend ses droits : de la lande d’altitude aux forêts humides en quelques kilomètres. La moto glisse sur des pistes serpentines, parfois glissantes, traversant villages isolés et plantations. L’arrivée à Doradal surprend : ses airs de Toscane perdue, avec façades pastel et rues fleuries, offrent une parenthèse apaisante après cette journée de contrastes et de descentes techniques.

On quitte les collines verdoyantes de Doradal pour remonter vers l’est à travers un patchwork de vallées agricoles et de routes sinueuses. L’itinéraire alterne entre bitume cassant et pistes poussiéreuses, serpentant au cœur d’un arrière-pays méconnu, jalonné de rivières et d’anciens chemins muletiers. Peu à peu, les montagnes ressurgissent à l’horizon et annoncent l’approche de Villa de Leyva. L’arrivée dans ce village colonial figé dans le temps, avec sa vaste place pavée et ses maisons blanches, est un véritable choc esthétique : le genre d’étape qui donne envie de poser casque et bottes pour flâner à pied.

Le départ matinal depuis Villa de Leyva offre un dernier regard sur l’architecture coloniale avant de plonger vers les chemins caillouteux des contreforts andins. Les motos grimpent et descendent au rythme des canyons, traversant des hameaux suspendus dans le temps. Les pistes deviennent plus engagées, parfois taillées à flanc de montagne, mais toujours gratifiantes. L’arrivée à Barichara, véritable bijou du patrimoine colombien, séduit par sa tranquillité et ses ruelles en pierre ocre. C’est une fin d’étape pleine de charme, idéale pour recharger les batteries dans un décor digne d’un film d’époque.

Un répit bienvenu au cœur de ce bijou colonial. Les plus curieux arpentent le Camino Real jusqu’à Guane ou explorent les ruelles fleuries à pied. Le soir, on déguste une truite grillée ou un plat local avec vue sur les montagnes. L’énergie revient doucement.

La route reprend cap au nord. Les motos avalent les kilomètres dans une nature plus dense, ponctuée de palmiers et de manguiers. Les pistes s’étirent sur des plaines ouvertes, idéales pour une conduite rapide. Sabana de Torres, peu touristique, permet de goûter à l’authenticité colombienne.

Cap plein sud à travers les vastes plaines du Magdalena Medio, sur des pistes qui ondulent entre savanes, marécages et zones d’élevage. La chaleur devient oppressante, les nuages de poussière collent au casque, et les traversées de rivières ponctuent cette journée engagée. Progressivement, l’asphalte disparaît au profit de chemins sablonneux menant aux méandres du grand fleuve Magdalena. À l’approche de Mompox, la lumière change, l’ambiance se fait coloniale. Cette cité figée dans le temps, classée UNESCO, surgit comme un mirage : un havre hors du monde, bercé par l’histoire et la moiteur tropicale.

On quitte les rives romantiques du Magdalena au petit matin, direction nord-est, en plongeant dans l’arrière-pays caraïbe. Les pistes s’étirent à perte de vue à travers des zones humides et des savanes brûlées par le soleil. La chaleur est accablante, les ponts précaires et les traversées de gués rythment cette longue journée d’endurance. En approchant d’Albania, le relief se fait plus sec, presque désertique, annonçant les portes de la péninsule de La Guajira. L’ambiance change : ici commence un autre monde, aride, brut, aux confins de la Colombie.

Au départ d’Albania, la route trace droit vers l’est, dans un décor aride et poussiéreux, presque lunaire. Les pistes cahotent entre les reliefs asséchés de La Guajira, territoire des Wayuus, avant de basculer vers la luxuriance de la côte caraïbe. Le changement est saisissant : on passe de la roche rouge à la jungle épaisse, des cactus aux cocotiers. L’arrivée à Palomino, petit village bohème posé entre rivière et océan, sonne comme une récompense. La mer est là, étale et chaude, en toile de fond d’une dernière étape aussi contrastée que magique.

Dernière ligne droite vers la perle des Caraïbes. Depuis les plages sauvages de Palomino, l’itinéraire longe la côte en direction de l’ouest. Les kilomètres défilent entre forêts tropicales, villages afro-colombiens, palmeraies et marécages. Une halte à Barranquilla permet de souffler un peu avant d’affronter la chaleur urbaine. Puis surgit Carthagène, joyau colonial figé dans le temps, encerclé de remparts et baigné par la lumière dorée du soir. Le voyage s’achève là, entre pavés luisants, façades pastel et musique dans les ruelles : Carthagène, vibrante et poétique, donne au final une touche de cinéma.

Retour vers l’Europe.